NANAS.

C'est comment,vous, votre lieu de travail? Humainement, je veux dire? En quotité de filles /garçons je veux dire?

Pour ma part, j'ai un staff uniquement composé de femmes. Avec un Chef plein de testostérone. Pas un chefaillounet dépassé par l'écrasante majorité de sexe opposé, ah non, un vrai chef burné viril, qui aime les femmes. Qui aime les femmes qui aiment les hommes qui aiment les femmes.  Y'a des jours où le coté gynécée du truc est hyper chouette, j'en parlerai longuement une autre fois, là j'ai plutôt envie de parler du "pourquoi c'est relou un bureau plein de filles". (Très bonne journée au travail, vous l'aurez compris).

Un bureau fémino-féminin, ça veut dire: bataille. La bataille version rangée (on fait toujours bien le ménage, nous autres), mais la bataille quand même, tank rose, mitraillette à jarretelles, anthrax-mascara oui, mais terrain miné quand même. Toujours une de mieux lotie que l'autre, ie avec des horaires encore plus cool, des capacités de réflexion plus vastes, des facilités relationnelles plus évidentes, une vie plus Wizzz, des jambes moins problématiques ou une quantité d'enfants rieurs supérieure à 1. (Non, ce n'est pas la même personne pour tout, ni à chaque fois sinon on l'aurait clouée dans le placard-du-3eme-où-personne-n'ose-aller depuis belle lurette).

La difficulté vient justement de ce que l'Envie (d'horaires plus cool, etc...) se fixe sur des personnes différentes selon le moment de la journée, c'est à dire que tu peux jalouser X à neuf heures parce que "a mis ses talons de Femme Fatale le jour de l'inspection (et toi tes gros sneakers dorés -oui, j'ai ça- parce que tu as oublié l'inspection-"), à dix heures jalouser Y parce que Allem überlegen* lui a dit "bravo, bon travail" -alors que toi, c'est bien connu, tu bosses pour le plaisir, pas pour qu'on te bravoïfie, non, ja-mais. A 14h tu es folle de rage après Z parce qu'elle laisse tomber le resto-fiesta prévu depuis cent jours, parce qu'elle a un nouveau mec dont elle est amoureuse. Et vers 16h tu peux même haïr secrètement A parce que, ben, elle a fini de bosser, ELLE, à seize heures.  Finalement tu passes ta journée à rager un peu, beaucoup, à la folie, selon ton propre état émotionnel et ta configuration actuelle.

Vérité ou illusion, au bureau d'en face, qui compte tout de même quatre spécimen garçons pour autant de filles, c'est vrai que ça s'emporte souvent ("Pu**** les mecs faites vraiment ch***, vous avez renversé du café partout!!!!"), que ça grimpe dans les décibels de manière régulière, mais ça me semble beaucoup plus sain que la quantité de bile que j'en viens à sécréter au quotidien (et encore, je suis une gen-tille, une patiente). Dans cette oasis de franchise que symbolise le bureau d'en face, aucune conversation ne s'arrête net lorsque tu rentres dans la pièce (vous savez comme c'est cuisant, ça?), personne ne se dispute de façon sournoise  discrète la faveur du chef, personne ne mange les communications sous prétexte de faire passer l'autre pour une barrique. Personne ne dit "ça te va super bien à toi les cheveux longs" alors que tu viens de tout couper comme Jean Seberg, et que tu avais fait un sondage d'opinions, et que "Coupes TOUT!" a été proclamé unanimement.

J'adore les femmes en général, je nous trouve grandes, dignes et intelligentes (surtout Elisabeth Badinter, surtout Jacqueline de Romilly, bon je démarre pas là dessus....),  j'ai tout une très longue théorie présumant qu'un monde dirigé par les femmes serait un monde pacifié, sans brutalité (j'en parlerai en même temps que les jours où je trouve que mon bureau, c'est le plus beau des bureaux de l'univers). Je le crois vraiment, les Femmes ne font pas la guerre à coup d'armes de destruction massive. Les femmes ne commettent pas de génocide, d'infanticide, d'épuration ethnique. (Même un jour de grande braderie à St Trop).  Les femmes veulent de la douceur, de la tendresse, et que ça sente le Mustela. Le seul petit problème dans l'histoire c'est que comme on est en compétition systématique pour les beaux yeux de l'homme (du chef), ça vire au pugilat.

Billet sans grande valeur, qui ne doit pas compter. Je suis très consciente que dans un gynécée, les femmes finissent par avoir leurs "humeurs" toutes en même temps (si c'est vrai, z'avez qu'à vérifier).  Vois un peu l'ambiance, dès lors....

*= Grand supérieur (l'emploi d'un autre idiome que le français restitue pleinement le coefficient "chocottes").