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Marieposte
14 janvier 2012

*LADAKH*

Je sors toute charmée d'un beau reportage diffusé sur une chaîne câblée, avec pour sujet: le Ladakh. Comment ça vous ne connaissez pas le Ladakh??? Arrêtez, quoiiiiiiii (moi non plus, deux heures avant, je l'aurais à peu près situé sur une carte, mais maintenant je sais, donc je vais me montrer aussi lourde que verbeuse, grâce à ce documentaire).

Le Ladakh, pour aller vite, c'est une région du nord de L'inde, hostile (climatiquement parlant), aride (géographiquement parlant), pleine de collines (4000m, la colline, mais les habitants appellent les montagnes ainsi, alors Ladakhisons nous) et remplie de cailloux.

Mais cette région est absolument belle. Pas très hospitalière, j'en conviens, mais c'est là la grâce de ce genre de documentaire: faire oublier les réalités politiques ou économiques d'un coin pour prendre de jolis clichés.

La vie s'est arrêtée en...non, en fait elle n'a pas débuté: pas d'électricité, chauffage au bois (quand on trouve un arbre), lumière à la bougie (quand le monsieur chargé de "chasser le miel" (et ainsi la cire) ne meurt pas précipité en bas de la falaise) (150m à pic, mais lui n'est accroché qu'avec un tressage de bambou, et travaille en extension*).

Pas d'école, une vie religieuse intense (bouddhisme majoritaire, versant "pratiquant"  -bonnets rouges-, et non pas bonnets jaunes -les philosophes du bouddhisme**-).

Je ne parlerais pas des vêtements traditionnels qui sont proprement somptueux, à mourir (avec la prononciation occidentale fashionesque qui détruit bien le niveau culturel déjà bien bas de mon pauvre post), couleurs sombres et intenses (le fuschia et le turquoise vont bien au gris des collines). Je ne parlerais pas des Poupounes Ladakhi, adorables petites boules de joie magnifiquement parés, ni de la splendeur des très très très vieilles dames qui marchent sur la rivière gelée avec leurs souliers recourbés, toute la sagesse qui émane de ce peuple isolé, fervent, aguerri à une vie dans des conditions difficiles... jusqu'à 35° en dessous de zéro. Des existences rythmées par les saisons, hiver ou été. Rudes. Les deux.

Je ne vais pas m'attarder non plus sur le foisonnement des textiles ni sur la richesse des ornements domestiques ou festifs (drapeaux flottant dans un ciel bleu intact, pur et vierge, ors et parures dans les temples, encens et sourdes notes de percussions cuivrées, les gestes de leur liturgie et leurs moulins à prière).

Pas sur le thé au beurre non plus.

Au Ladakh, il n'y a ni plage, ni palmiers (googleïser "désert de Moon, Ladakh", juste pour avoir une idée d'à quel point c'est superbe même sans ça).

Ce qui m'a totalement captivée, en plus que ce que je viens d'évoquer, c'était l'approche de la médecine dans cette région où bien évidement aucune croix verte ne te clignote dans l'esprit ni sur le boulevard quand tu as mal à la tête. Où: pas un toubib à chaque coin de rue (: pas de rue).

L'approche se situe au croisement des médecines chinoises, tibétaines, indiennes, elle repose sur la considération que l'homme et l'univers sont un équilibre que rompt la maladie. Il s'agit pour le guérisseur -amchi- de restaurer le flux harmonieux des fluides pour que l'énergie recircule.Que l'ordre troublé soit rétabli.

Le pouls est pris en six points du corps différents, par trois pressions (donc dix-huit mesures). Les humeurs doivent se répartir équitablement. Par ici pour un peu plus de détails.

Les guérisseurs, détenant leurs savoirs de leur père, apprennent durant de longues, longues années, devant de nombreux cas et au long de nombreuses excursions, à tirer de la nature leurs remèdes. Les plantes, les roches (les cristaux) sont utilisés, une fois minutieusement broyés sous la récitation des mantras, pour apporter la guérison, par absorption, application, cataplasme, selon l'affection, selon le siège de la douleur.

Les femmes peuvent porter des coiffes en pierre de turquoise (ou de tourmaline, ou de corail) pour éloigner les mauvaises ondes, car celles-ci également jouent un rôle dans les affections corporelles. Comme le sacré est profondément ancré dans le quotidien, ces coiffes se portent aussi en temps de cérémonie religieuse.

Il n'y a pas, ou si peu, d'urgence dans la prise en charge, le médecin opère de manière lente, tout du moins non-instantanée. On est à l'opposé de "appelle SOS-médecins".

Bien sûr, tout n'est peut-être pas bon à prendre dans cette pratique, tellement différente de ce que nous connaissons en occident. J'ai juste trouvé très beau ce mode de soin, traditionnel, ancestral, qui considère sous plusieurs angles de la maladie, envisage diverses manières de l'aborder, et observe la pluralité de ses manifestations.

Il me semble aussi que l'hérédité favorise l'enrichissement interne de cette discipline, les connaissances s’agrégeant, génération après génération. La thérapie proposée par ces sages m'a vraiment séduite, aussi je suggère à tout le monde de prendre un peu de temps pour se pencher sur ce magnifique Ladakh, haut en couleurs et plein de beauté***.

 

* en vraie extension: avec uniquement les pieds emberlificotés dans la cordelettes, les bras au boulot, pas de filet, pas d'encordage. Wild, pour de bon.

** j'avais prévenu que je pouvais être lourde du moment où j'avais retenu un truc.

*** je n'ai pas de photo, mais le site bien fourni d'un voyageur. Ici.

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Marieposte
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