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Marieposte
31 janvier 2013

LES SERMENTS HYPOCRITES.

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Ce serait génial si la médecine changeait de forme, si on entrait chez le praticien, dont la salle d'attente serait, forcément, blanche, immaculée, avec des tapis en mousse de jersey de soie, des secrétaires masculins huilés et poilus à souhait, un diffuseur de brume au romarin, des chants d'oiseaux et des cranberries dans un bol en porcelaine du japon. On aurait le droit de piquer un roupillon en attendant qu'une cloche céleste nous réveille pour nous appeler au temple.

On entrerait dans le cabinet sans avoir attendu deux heures trente au milieu des cathareux en crise, le docteur nous toucherait légèrement ici et un peu là, et le diagnostic se poserait de lui même: "vous avez mal au cou parce que vous avez une dent qui bouge, elle même dûe à une mauvaise posture du pied gauche". Quelqu'un capable d'entendre les bruits du corps en entier, dans son ensemble, pas juste regarder ta gorge rouge et enflammée avant de déclarer "votre gorge est rouge et enflammée, vous allez prendre ce médicament contre la gorge rouge et enflammée" (Ahhh booon, vous n'allez pas agraver mon cas? J'ai pas plutôt une gorge bleue à pois verts?? Ahhh mais vous êtes tellement perspicace docteur..).

 

Présentement, sans aucune relation avec l'article de la veille où j'ai détaillé un certain nombre de pathologies rares sensées m'avoir atteinte, ou sur le point de, j'ai 1) mal aux muscles du cou 2) une dent qui bouge beaucoup 3) une boule sur le trajet entre les deux = me voilà persuadée qu'il y a un lien dans tout ça. J'ai donc fureté sur internet, avec des recherches combinées trop glamour "bouton+dent branlante+cou de veau", et je crois que internet, les amis, est une invention fantastique, mais dans laquelle on devrait éviter de se vautrer lorsqu'on a un souci de type médical.

Car premièrement, google image peut s'avérer le vomitif le plus expéditif qui soit. Je cherchais naïvement une photo de "boule sous le menton" , résultat: j'ai dégueulé mon goûter, mon déjeuner, mon petit déjeûner, ma bile, mon foie, mes intestins,mes boyaux, mes espoirs d'éradiquer l'animal dermique, ma foi en une information claire et lisible. Sans même trouver une photo ressemblante.

Deuxièmement, dans les cas désespérés, wikipédia peut s'avérer le pronostic létal le plus direct, le moins diplomate ("l'espérance de vie est réduite avec une très forte morbidité"), et le moins folklorique possible ("allez directement aux soins palliatifs sans passer par les bras du docteur Sloan"), le tout enrobé de termes techniques que personne ne comprend (surtout pas soi, lecteur ignare et possiblement condamné à mourir dans une forme pas présentable). 

Dans l'hypothèse où on soit néanmoins d'un naturel positif, et optimiste, la chance est grande de tomber sur une poly-source de nos petits maux, alors qu'on attendait une réponse simple (appliquez de l'éthanol, du formol, du pétrole). Oui, vous avez une boule sous le menton, mais cela peut signifier aussi des maladies inconnues, des syndromes en tous genres, des phénomènes dont la rareté rivalise avec le ridicule formel. Bref. 

Je voulais juste savoir quoi mettre sur mon bouton, j'ai à présent une arborescence de possibilités toutes plus implacables les unes que les autres: frottez avec un oignon, courez aux urgences sans prendre le temps de couper le gaz, mettez de l'argile, buvez du jus de vermicelles récolté à la pleine lune, frottez avec deux oignons, massez le point situé au dessus de l'ongle du petit orteil du pied opposé à la douleur, prenez douze granules toutes les trois heures, désinfectez, faites du sport, consultez votre médecin traitant, avec Désiré tes ennuis disparaissent en 36h, pour voter Louanna, tapez 1. Au secoooooooours. 

Même si me voilà parfaitement incollable sur les déclinaisons multiples des érythèmes noueux, des lichen plan, des éruptions pastulopulluleuses, des furoncles à tête de clou, je n'en demandais pas tant, merci au revoir, j'ai toujours mon problème de bouton (qui me semble quand même bien moins horrible et dégueulasse que les horreurs que j'ai eu la surprise -pourrie- d'observer).

En attendant, je vais écouter le magazine de la santé, où Michel Cimes, s'il ne résoud rien, n'est jamais avare de blagues salaces, on commence par là..

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Marieposte
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