Bon ben tout d'abord: pardon, pardon à ceux que je connais, pardon à ceux que je ne connais pas, et à ceux qui auraient éventuellement eu le désir momentané de me connaitre, mais qui souhaitent présentement oublier cet espoir autant que cette photo triviale (mais si humaine, pourtant): Oui, ceci est bien ce que vous pensez.

Je me suis posé la question (c'est que j'ai beaucoup de boulot, vous voyez, mais pas farouchement envie de m'y atteler non plus; donc je réfléchis à n'importe quoi dans les méandres mystérieux de ma petite cervelle). Les toilettes. Le problème des toilettes.

Pour certains, ce n'est d'ailleurs pas un problème: les w.c, où ils sont, peu leur en chaut, c'est du pareil au même. Moi pas. Bug planétaire. Je veux bien faire pipi, mais sincèrement, si je peux éviter en dehors de chez moi, tout va mieux.

Marre de me demander à quelle heure les water ont été nettoyés pour la dernière fois (des fois, la mesure semble être "des années lumière", dans ces cas là, demi tour). Marre d'inventer des astuces (pas astucieuses du tout) pour éviter le contact d'un seul centimètre de peau avec le bord de la cuvette. Marre de dévider l'intégralité du rouleau de papier pour me fabriquer un matelas de pq qui fait le tour du truc (avant, j'étais plasticienne, oui). Le coup de la station accroupie, avec là dessus l'espoir de te muscler le droit antérieur, pffff, foutaises: on finit toujours par s'échouer, vaincue, ("ohpis je m'en fous tiens si je chope une horreur") (de toutes manières il paraît que si on y parvient, à rester debout tout le long, c'est excessivement mauvais parce qu'on fait mal pipi, oui, je l'ai lu, chez le docteur même), c'est juste le meilleur moyen de rivaliser avec l'homme, voire avec l'enfant de 25 mois en te pissant dessus (même pas de joie), voire en t'aspergeant la moitié de ton pantalon (la moitié visible de ton pantalon, sinon c'est pas drôle). Marre de me cramponner à la poignée de la porte comme si c'était mon sac à main qu'on venait d'essayer de m'arracher, pour rester en équilibre (cette salope finit par lâcher, un jour ou l'autre. Le jour où c'est justement ton tour de t'y arrimer, oui, justement). Marre d'avoir l'impression de commettre un attentat parce que vue la posture, fatalement, tu fais pipi direct au milieu de l'eau, là où le bruit se décuple avec une intensité monumentale, ce que tu vas essayer de masquer par des quintes de toux feintes, qui ne trompent absolument per-son-ne.

Marre de tout ça. J'ai la solution (je sais, je sais, ce post est un chemin pavé de lumière). Une solution qui se nomme: les toilettes de la direction. Si tant est que vous ayez une direction digne de ce nom (c'est à dire qui refuse par principe à se mélanger au reste du prolétariat employé par sa Grande Largesse). Le wc de la direction est toujours propre (à tel point que je pense sérieusement qu'il y a une dame pipi (pas payée, hein, oh, vous plaisantez). Le wc de la direction est délicatement parfumé (pas au Farenheit, non, au vrai parfum de chiotte mais néanmoins). Le wc de la direction a la porte qui se ferme, à clef, sans qu'icelle ne te reste dans la main. Le wc de la direction dispose d'essuie-mains (alors que celui du petit peuple semble avoir servi de torchon à champignons, de serpillère, de tapis de bain) et de savon de marseille (et non: de la colle qui pue le malabar fraise-mangue). Dans mon cas, vous n'allez pas y croire tellement c'est le luxe en matière d'appareillage sanitaire (je sais, c'est horrible, mais je suis d'humeur hyper veule), dans mon cas le wc de la direction a une ampoule "lumière du jour", destinée à auréoler de beauté le visage de ceux qui en sont.

J'ai oublié de préciser que le wc de la direction n'accueille que les culs bordés de nouilles.

Voilà, l'ami. Au plaisir de pouvoir faire pissou dans de vraies conditions, ajoute celui de partager le royaume de la Magnificience dans son intimité la plus stricte.

La vie est belle, votre quotidien est frais, fleuri, joli, ne me remerciez pas. (Bon, pour être transparente, je précise que j'ai posé pour la photo. Notez bien le naturel du geste*).

Afin de conserver nos bons rapports, je vous conseille de tirer la chasse un trait sur cette histoire, et de nous comporter comme devant la porte des cabinets quand quelqu'un en sort: faire comme si on était pas là.

* En me relisant, je comprends que je suis capable d'avoir des mouvements de pensée du type "je vais aller aux toilettes me prendre en photo pour illustrer un post spécial cabèches". Puis de réaliser ces pensées. Alors soudain, j'ai peur.

IN THE CLOSET.

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