UN INSTANTANÉ.

Il est 17h30, un tremblement commence à secouer mon petit orteil, s'étend le long de mes -immenses- membres, agite mes mains. Mon cœur bat la chamade, j'ai un instant de trouble mental..

CE N'EST PAS LE COUP DE FOUDRE. C'EST PLUS INTENSE ENCORE.

J'ai juste (encore) bu trop de café aujourd'hui.

Il est 22h30, avant d'aller dormir je me prépare une camomille  -Époux a compté- 6eme ricoré. Ça craiiiiiiiint. Un max. Je dois voir la vérité en face, addict am I. Je suis mûre pour les Excitants Anonymes ("Bonjour, my name is Marie, c'était mon sixième jour de sevrage, j'ai craqué, j'ai pris un expresso après le déjeuner""Noooon, pourquoi tant d'efforts réduits à néant, Marie, tu dois rendre solennellement ta médaille").

Déjà, c'est un lien social: si je refuse le kawa que prépare amoureusement ma collègue C. chaque matin, je crois qu'elle sera malheureuse, du genre vraiment  malheureuse toute la journée. Impossible de saloper toute une journée de sa joie sous prétexte de free-coffee-behavior, ce n'est pas gen-til. Et je suis gen-tille. C'est aussi un postulat économique: le staff a investi dans 2 modèles de cafetière (dosettes, ou pot hectolitre), ce qui signifie que pour rentabiliser la dépense, à n'importe quelle heure du jour je me retrouve avec un gobelet (enfin plutôt le mug que j'ai apporté de chez moi, car je suis éco-friendly autant que fusille-ton-foie-friendly) de BON breuvage, BON parce que Chef participe à la tachycardie générale en se fournissant dans la meilleure brûlerie des 15 lieues alentour. Cernée, je suis.

Oui, il y a une bouilloire: moche, blanche comme un bloc opératoire à coté des deux machines à café hi-tech, noires, argentées, et silencieuses, alors qu'enclencher le bestiau bouilleur d'eau fout un boucan pas possible, on dirait que quelqu'un vient de tirer la chasse, ça fait blopblopblopblopblop,ça perturbe les gens qui téléphonent, c'est contre-productif. TOUT est fait pour que je craque.

Ouais, il y a de la tisane. Plein. Personne ne sait depuis quand, mais tu peux IMAGINER d'en infuser, si ça te chante. (Sauf que: bois pas ça tu vas choper une cochonnerie, attends je te sers un café. Quoi non? Tu ne l'aimes plus mon café? Il est pas bon? Ben non, il est pas bon, sinon t'en boirais. Dis-le: il est mauvais c'est ça? Je ne suis même plus bonne à faire le café?? Bon ben j'ai qu'à mourir, comme ça vous serez tous contents . Voilà, j'avais bien dit que ça serait pas simple).

Mais ce genre d'excuse en bois, c'était valable AVANT. Demain, c'est la guerre. J’arrête direct, sans passer par la case "celui de neuf heures et stop". Sans filet, sans patch, sans rien, à la niaque, demain je suis: Volonté Infaillible. Et aussi: Pleur Matinal (exclue du café/debriefing des dix heures qu'on s'est pas vues avec les cops). Humeur Merdique (toujours pas réveillée pour la réu de 11h), Cirage Complet (endormie dans mon assiette à 12h), Absolument Irritable (premiers signes de manque), Méchante Fille (m'en prends à n'importe qui, à Honoré parce que j'entends Ricoré, à Caroline parce que j'ai cru Caféine, à Josette parce que Dosette, j'ai giflé mon ordi quand il m'a conseillé un filtre).

Mais j'y crois à fond, j'arrive à un âge (72 ans, quand même) où il faut choisir ce qui est bon pour soi, pour sa prostate et sa vivacité, sa capacité à générer des relations sympatoches autour d'un verre de rien.

Courage.

P.S: si vous pouvez remplacer "café" par "alcool" dans ce post, et que ça vous fait penser à votre vie, arrêtez de lire sur le champ et magnez-vous d'appeler le toubib.

Comments

[Amélie]

J'adooore ce texte ! Quelle verve ! C'est par lui que je découvre ton blog, et ô stupéfaction, j'ai un café à la main ! Que je sirote en croquant des chocolats ! Ouille, mon coeur, aïe, mes hanches !!!! Mais zut ! Je suis fatiguée, j'ai mal dormi, plein de tâches so barbantes m'attendent, alors chut.... Et savourons !
Des bisous (j'ai hâte de découvrir le reste...)